Agnès Van Ransbeeck occupe une position originale dans la foisonnante tradition des arts visuels flamands. Le minéral, le bronze, le marbre, l'acier et la pierre bleue belge conjurent et surclassent chez elle le monde masculin ancré sur la force brute et la pesanteur monumentale.
Elle découpe les formes et dompte les images. Depuis la fin de sa formation artistique, le bronze dans toute sa chaleur paraît constituer pour elle le matériau de prédilection de la mise en forme de son univers onirique.
À l'encontre des tendances de la mode et du mercantilisme qui y est afférent, elle se tient à l'abri des contacts, parfaitement cohérente en cela avec elle-même dans sa quête de formes et de matériaux à la fois nouveaux et plus riches de sens. Plus monte dans son ouvre la tension, plus visible se fait son intrinsèque dualité.
Elle expérimente la solitude intérieure comme un espace dans lequel survivre, qu'elle emplit d'un intérêt presque excentrique pour les autres formes d'art. Elle prise l'architecture, la musique, la gastronomie, le théâtre, l'opéra. Lectrice avide de biographies, de prose aussi - ce n'est pas pour rien que Mishima est l'un de ses auteurs favoris - et de poésie en particulier, sa relation intense avec cette dernière s'exprime principalement dans les titres de ses pièces qui, tels des vers parfaits, sont comme des indices qui procurent au regard une impulsion spécifique. Dans le même temps, ils offrent un socle poétique à toute son ouvre.
Agnès Van Ransbeeck est la probité même et son ouvre s'en ressent. Nul caprice chez elle, nul faux semblant. Elle s'essaie sans cesse à se renouveler, elle refuse de stagner, elle recherche passionnément l'image et le langage les mieux appropriés à ses rêves, tant désirés que vécus.
Koen Stassijns et Ivo van Strijtem, poètes.